"Espaces tempérés, architectures de l'intime d'Armén Rotch" par Gilda R. Guégamian paru dans Urbain-trop-urbain.fr
Un espace bâti à la frontière de la déconstruction
Ailleurs les murs séparent et cloisonnent ; mais ici n’est pas ailleurs… Un espace sensible à la vérité des êtres et des choses est né, profondément anthropologique, issu d’une dilatation et empreint des états de conscience oublieux, noyés dans le breuvage. Ce n’est pas du monde autour de soi, mais du monde en soi, de l’architecture intime de nos rapports aux autres dont il est à présent question…
Les « murs vivants » de nos souffles multiples ne sont pas constitués d’unités, mais de dimensions aux directions imprévisibles et mouvantes. Un mur dont la structure unique est le haut, le bas, la cardinalité des vents et le souffle du milieu. Le milieu, zhòng en chinois… Ce « milieu », centre où tout commence, développe ses propres résurgences rhizomiques, ses lignes de fuite. Ainsi, les sachets assemblés sont des volumes construits qui respirent sous la lumière du temps qui leur offre sa patine ; mais leur équilibre même est aux marges de la déconstruction.
Une architecture existe pour un temps et un espace donnés. Toute architecture est éphémère. Les murs vivants d’Armén Rotch le sont plus encore. Ils ne sont pas là pour résister, pour protéger ou pour défendre. Leur fragilité est leur humanité. Ils sont le fruit d’un don et ils se donnent à voir, à parcourir, à sentir, ou à méditer, le temps qu’il faut…
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À partir de l’exposition en cours à Toulouse, jusqu’au 26 février, dans la galerie de l’Espace Écureuil, Fondation pour l’art contemporain.
(1) Saint Augustin, Confessions, Livre XI, XIV, 17 : « Praesens autem si semper esset praesens nec in praeteritum transiret, non iam esset tempus, sed aeternitas »